Accompagnement des auteur.e.s et des victimes de violence conjugale et/ou intrafamiliale
Nous proposons une alternative thérapeutique à la violence grâce à une approche clinique et pluridisciplinaire. Nous, intervenant.e.s sont des professionnel.le.s formés à la clinique de la violence, telle Élisabeth Ferry, fondatrice et directrice de l’association Terres à Vivre :
"Si aujourd'hui, l'accompagnement psychologique de la victime semble aller de soi, même si elle se limite parfois à des conseils ou de l'écoute, la prise en charge de l'auteur n'est le plus souvent envisagée que de l'endroit de la sanction.
La sanction est importante, posant des limites et un cadre social à la violence, là où les autres contenants ne fonctionnent pas ou plus. Elle participe à la restauration de la personne victime, dans son existence, ses droits, sa parole, la sortant du chaos, du silence et du non-sens dans lequel la violence l’a projetée. Mais, seule, limitée parfois à un simple rappel de la loi, la sanction reste insuffisante à créer les conditions d’un changement profond et durable chez l’auteur. Celui-ci ne comprend ni son comportement violent, ni les mécanismes en jeu ou les origines personnelles de cette violence, inscrites dans son vécu, son éducation, ses modèles parentaux et sociétaux intériorisés. Il ne connaît pas le chemin à emprunter pour changer.
Au même titre que la victime, l’auteur a besoin d’être guidé vers lui-même pour une sortie durable de la violence.« Si nous avons mérité notre peine, nous n’avons pas mérité de désespérer de nous-même » s’exprime Bruno, condamné pour violences conjugales.
La violence est un trauma pour tous, qu’elle soit agie ou subie. Elle trouve souvent son origine dans des situations antérieures plus ou moins traumatiques, plus ou moins conscientes. Elle peut aussi avoir des conséquences psycho-traumatiques, à plus ou moins long terme, pour ceux et celles qui la vivent, qu’ils soient auteur.e.s, victimes ou témoins. (...)
C’est pourquoi l’intervention d’un tiers est souvent essentielle. Elle concourt à objectiver la violence et ses conséquences, favorise la prise de conscience afin de limiter les risques d’aggravation.
Une alternative thérapeutique spécialisée dans la prise en charge des situations de violence
Nous proposons donc une alternative thérapeutique spécialisée dans la prise en charge des situations de violence - de quelque nature qu’elle soit - en aidant les personnes concernées à mettre au jour les circonstances dans lesquelles elle se manifeste et ses déterminants plus personnels (déclencheurs internes ou externes, situations traumatiques antérieures, modalités de régulation des émotions, lien avec sa propre histoire et construction identitaire, croyances et représentations de la violence, du couple et de la famille…).
Il s’agit d’aider la personne concernée à recouvrer sa sécurité, un contrôle sur sa vie, dans une prise en compte notamment de la dimension corporelle de la violence. En effet, celle-ci s’inscrit dans la réponse du corps et induit une posture de vie qui se traduit par une image inconsciente du corps et une perception particulière de son schéma corporel. Cette mémoire corporelle suscite des processus adaptatifs, engrammés sur les plans neurophysiologique, émotionnel, respiratoire et postural. Les personnes, victimes comme auteurs, blessées par la violence, ont besoin de retrouver une sécurité physique, une capacité de contrôle et de maîtrise de soi, une régulation des émotions plus fonctionnelle et mieux adaptée pour s’extraire de la violence et des processus qui l’accompagnent.
Notre dispositif et la proposition d'accompagnement thérapeutique s'adresse simultanément aux auteurs et aux victimes
Au sein du couple et de la famille, la violence a des conséquences complexes, car elle se produit et souvent se répète dans un système relationnel durable et permanent. Elle devient alors un principe régulateur central des interactions et des relations, à travers des modalités de régulation émotionnelle dysfonctionnelles. Chacun s’organise de façon plus ou moins adaptée autour de la violence, s’y réfère pour entrer en relation et interagir avec l’autre, et finalement pour l’éviter, la prévenir ou s’en protéger, sans y parvenir. (...)
Notre dispositif - et la proposition d’accompagnement thérapeutique qu’il contient - s’adresse simultanément et de façon identique, aux auteurs et aux victimes, voire aux témoins (les enfants, par exemple). C’est pourquoi, nous avons coutume de dire que nous « entrons dans le système concerné par la violence » grâce à la personne qui formule une demande d’aide (auteur, victime, enfant, professionnel).
L’approche clinique de notre accompagnement est spécifique et adaptée à la nature du demandeur. Notre action présente à la fois une visée thérapeutique et une visée éducative auprès des publics accompagnés.
Nous considérons que la connaissance que nous avons des mécanismes liés à la violence – sa nature, son fonctionnement, son expression, ses mécanismes de maintien, de répétition et d’escalade, ses déterminants, ses racines personnelles et culturelles, ses risques et conséquences – doit être largement partagée avec les protagonistes. Acteurs principaux du changement, ils acquièrent ainsi des éléments objectifs qui encouragent leur réflexion et deviennent plus conscients et plus efficients pour réguler ce qui les concerne en premier lieu, à savoir leur propre vie.(...)
Un travail en réseau
Enfin, il nous est indispensable de travailler en réseau avec d’autres professionnels et d’autres structures, afin de bénéficier de la richesse de notre complémentarité, dans la limite du rôle et du champ d’intervention de chacun.
Notre expérience – et celle d’autres structures impliquées sur le plan national – montre la nécessité de coupler un accompagnement individuel et un travail de groupe. En conséquence, notre dispositif d’accueil et d’accompagnement clinique, thérapeutique et éducatif repose sur ces deux modalités d’intervention.
En effet, la dimension individuelle assure un travail personnel et intime sur la violence, ses racines et ses conséquences. L’approche collective permet d’évoquer l’impact à plus ou moins long terme de la violence et ses conséquences psychosociales. Elle aide également les personnes à sortir du silence, de la honte engendrée par la violence subie et/ou agie, pour en somme retrouver une place positive, responsable et digne. »